Bouddha
L’attention constitue l’outil intellectuel de base de la pratique. Elle revêt deux formes qui renvoient à deux postures mentales: la concentration (shamata ou calme mental) et la présence attentive ouverte (vipashyana ou vision pénétrante).
La première forme, l’attention soutenue ou concentration, nous est familière puisque chacun l’utilise au quotidien pour rassembler ses forces mentales et accomplir diverses tâches. Dans la pratique le focus attentionnel sur les sensations corporelles éloigne les distractions multiples, nous recentre, nous pose, nous calme. Elle amène plus de clarté et de stabilité à l’esprit.
La seconde forme, la présence attentive ouverte est sans objet prédéterminé. Elle crée une connexion totale et directe avec tout ce qu’apporte l’existence (Sharon Salzberg, 2015). C’est une attention à tout ce qui surgit dans l’instant, pensées, émotions, sensations, mais elle va au delà de ces phénomènes pour en comprendre leur véritable nature ainsi que celle de notre esprit. Selon la philosophie bouddhiste elle mène à la connaissance suprême dépouillée des illusions.
Le second outils est l’équanimité, elle consiste à adopter une humeur égale face à toute expérience indépendamment de sa nature agréable, désagréable ou neutre. Appliquée aux personnes, cette attitude libre d’attachement et d’aversion, implique de rester impartial et aimant (et non pas indifférent) à l’égard de tous les êtres.
Cette attitude face au monde nous permet de réguler les émotions sans les laisser nous envahir. En relativisant l’importance de notre égo qui se démène pour saisir le plaisant et éviter le déplaisant, elle nous rend plus libre face au désir et à l’aversion, deux principaux obstacles à la méditation.
Qui ne souhaiterait pas traverser les tourments de la vie sans être emporté par les émotions douloureuses, mais sans pour autant perdre sa sensibilité? L’équanimité nous guide vers cet équilibre subtile entre le ressenti sensible, le concernement et la juste distance protectrice face aux situations déstabilisantes. Elle estompe l’égo qui se surimplique à son propre détriment.
Nous développons cette attitude dans notre méditation en explorant avec curiosité et amour tout ce qui apparaît dans notre champ de conscience, quelqu’en soit la couleur affective, instant après instant.
Le dernier outils de cette triade est la bienveillance ou amour bienveillant, un autre ingrédient essentiel de la pleine conscience.
La bienveillance est une façon positive de se relier à soi et aux autres par l’ouverture du coeur. Elle représente la ligne directrice du travail de transformation intérieure qu’offre la méditation. C’est la voie de la sagesse, jour après jour devenir des êtres meilleurs.
La méditation offre un terrain d'entraînement pour exercer la bienveillance d’abord à l'égard de soi puis à l’égard de tous les autres. Cette bienveillance envers soi-même ne signifie pas complaisance ou laxisme, mais plutôt dans le cas de ses propres erreurs ou échecs de les regarder en face sans se les dissimuler ni s’enliser dans l’auto-reproche. En effet la bienveillance n’exclue pas la fermeté et l’affirmation. Ainsi la mère qui gronde son enfant qui traverse la route sans regarder est bienveillante à son égard.
Développer la bienveillance envers autrui est un antidote à la haine, la jalousie, l’avidité qui peuvent devenir des poisons mentaux et nous isolent des autres. Au contraire la bienveillance aide à faire place à des émotions positives, constructives. Elle constitue une force d’union qui nous habite tous, puisque par nature, nous aspirons tous à être heureux et à ne pas souffrir.
Enfin la bienveillance retentit directement sur la pratique en nous permettant de surmonter des obstacles tels que le découragement, le doute ou l'autocritique. Elle adoucit les frustrations de ne pas être maître de son esprit, de se laisser emporter par ses émotions. Elle nous aide à respecter notre propre rythme et nos limites.