Ramana Maharshi
Dans notre vie quotidienne l'ego, le moi-je occupe habituellement le devant de la scène. Il nous guide dans la poursuite de nos objectifs, la réalisation de nos tâches, la conscience de nos responsabilités, la quête du plaisir et du bonheur, etc. Ce principe "égoïste" est sous tendu par un puissant instinct d'autoconservation qui donne une réalité à notre personnalité qui se crée et se recrée en permanence et avec laquelle nous sommes en fusion dans un mouvement d'identification réductrice au moi.
La posture méditative donne l'occasion d'expérimenter un état où l'on peut s'autoriser à laisser en arrière plan tant les multiples préoccupations du quotidien que les différents rôles inhérents à notre identité. Abandonner tout ce après quoi court l'ego jour après jour constitue l'essence du lâcher prise qui se déploie dans la posture méditative.
Etre simplement présent, instant après instant. Se défaire petit à petit de toutes ces pelures d'oignon qui constituent notre personnalité : souvenirs, expériences, attentes... pour se rapprocher d'une autre dimension beaucoup plus profonde de notre existence. Au-delà des contenus qui constituent l'ego et le mental - pensées, émotions - il existe en effet une terra bien souvent incognita, celle de la conscience étendue, de l'être. C'est ce vers quoi méditer nous fait cheminer.
Cet état qui nous relie à quelque chose de plus vaste est très abstrait et difficile à percevoir dans le contexte de notre culture matérialiste et rationnelle. Les civilisations antiques étaient à cet égard plus avancées que nous le sommes.
Cette autre dimension, cette réalité transcendantale qui nous emmène au delà des catégories d'espace, de temps, de causalité n'est en fait pas appréhendable par l'intellect, elle relève plus de l'expérience. Il s'agit de l'accès à la nature profonde et véritable du moi, identité première et ultime de l'être, que les traditions philosophiques et spirituelles ont développé chacune à leur manière : âme, conscience, être, nature de Bouddha ou Soi (Atman).
Les instants de pure conscience durant la méditation, aussi brefs soient-ils, nous laissent entrevoir cette qualité lumineuse de l'esprit, cette conscience pure non conceptuelle libérée du voile du mental. Ceci se traduit par un sentiment de paix, de réconciliation avec le monde et libère joie et force vitale.