Dans ce sens malgré son impact dévastateur cette crise pourrait néanmoins avoir des côtés bénéfiques si il elle parvenait à nous ouvrir les yeux sur les enjeux qui nous attendent. C’est le propre de la crise de contenir une opportunité de transformation, comme l’indique le mot chinois “crise” composé de deux idéogrammes signifiant à la fois “danger” et “opportunité”.
A l’échelon individuel cette pandémie a eu en effet l’avantage de chambouler nos habitudes, de déplacer nos repères, ce qui a pu nous amener à revisiter des certitudes, découvrir de nouveaux possibles et vivre notre vie différemment. La baisse de productivité générale et le ralentissement de notre rythme de vie nous aura peut-être permis d’être plus disponibles pour nos proches, de prendre soin de soi, de prendre le temps pour de nouvelles activités, ou d'approfondir notre méditation. Elle nous aura aussi fait réfléchir sur notre rapport abusif au monde vivant pour éviter un retour à l’”anormalité”.
De part ses répercussions multiples et planétaires, cette crise nous fait réaliser l’interdépendance de toutes choses, notion centrale dans le bouddhisme, éclipsée dans notre monde occidental par la survalorisation de l'indépendance et la montée de l’individualisme. L’exacerbation de l’égo qui en découle fait naître un sentiment de séparation, de coupure entre soi et le reste du monde, jusqu’à nous rendre étranger à cette nature dont nous sommes le fruit.
Renouer avec l’interdépendance nous rappelle l’unité de toutes choses, nos racines premières. Elle nous montre qu’étant reliés aux autres et au monde, nos actions, nos paroles, nos pensées influencent le monde, ce qui nous responsabilise pour agir de façon constructive (Manouvrier, 2015). Comme préparation à l’action la méditation nous offre une pratique de recentrement qui développe notre discernement, qualité essentielle en cette période d’incertitude, de désorientation qui nous disperse et génère de l’anxiété. Elle nous aidera ainsi à imaginer la transition vers un monde viable pour tous.