Nous ne sommes plus à distance, séparés, mais nous coïncidons avec ce qui est.
Nous ne regardons plus l'oiseau, nous sommes l'espace où il se déploie.
Fabrice Midal
Pourquoi méditer nous rapproche de l’essentiel ?
Il est paradoxal que nous ayons tant de peine à accomplir une chose pourtant si simple que s’asseoir et ne rien faire... A priori cela ne requiert aucune compétence particulière, pourtant pour beaucoup méditer est un véritable défi et les confronte à des difficultés considérables pouvant les amener à renoncer à la pratique.
Ces résistances à s’installer dans une posture d’abandon sont directement reliées aux injonctions de notre société consumériste qui tend à placer l’essentiel dans la course à la performance pour accumuler toujours plus de biens et d’argent.
Si ces injonctions à l’hyper productivité et l’hyper rentabilité atteignent des sommets aujourd’hui, elles ne sont que l’aboutissement d’une longue évolution dont l’origine peut être située dans le changement de rapport au monde (vidéo Jeûne et méditation) introduit par le passage du mode de vie des chasseurs-cueilleurs que nous avons été durant 2,5 millions d’années à la sédentarisation et l’agriculture il y a plus de 10’000 ans (fin du paléolithique).
Avec ce changement de mode de vie nous avons perdu un rapport de complémentarité avec la nature au profit d’un rapport de domination. Nous nous sommes différenciés de la nature pour la domestiquer et en devenir les maîtres, mais ce faisant non seulement nous avons perdu un lien privilégié avec elle, mais en plus nous sommes devenus étranger à une part essentielle de nous-mêmes qui fait notre humanité. Nous avons été en quelques sortes dénaturé.
Cette part essentielle de nous même a à voir avec une forme de sagesse intérieure, une forme de connaissance intuitive du monde qui nous permet d’y trouver une place juste. Cette sagesse se manifeste chez les chasseurs-cueilleurs (par ex. bushmen, inuit, pygmées) par une organisation sociale de type égalitaire dépourvue de violence, sans domination d’un groupe sur un autre. Ces sociétés sans hiérarchie pratiquent en effet une éducation pacifiste des enfants (Delanoë, 2017). Or avec l’apparition de l’agriculture, de l’élevage et de la sédentarisation on assiste à une montée en puissance de la violence et des guerres et au sein d’une même communauté se développe une scission entre classes dominantes et classes dominées. C’est aussi le début de l’instauration du châtiment corporel sur les enfants comme mode éducatif afin de leur inculquer la soumission à la hiérarchie, dès lors frapper les enfants deviendra la norme dans la quasi totalité des sociétés humaines.
Ainsi tout se passe comme si en cette fin du paléolithique nous avions perdu quelque chose de précieux et d’essentiel qui faisait partie de notre humanité naissante.
Dans un mouvement de dépouillement de tous nos artifices matériels et mentaux, méditer nous invite à renouer avec cette nature bonne (Lecomte, 2012) et vivifiante toujours présente en nous.