La personnalité est ce qui fait que chacun est unique et qu'il possède des dispositions internes stables qui vont l'amener à se comporter préférentiellement de telle ou telle manière dans une situation donnée. La recherche en psychologie la mesure à l'aide d'auto-questionnaires qui évaluent la perception qu'a un sujet de sa propre personnalité. Ces données ont notamment permis d'élaborer un modèle basé sur cinq dimensions indépendantes de la personnalité (Ouverture à l'expérience, Consciensiosité, Extraversion, Agréabilité, Neuroticisme ou instabilité émotionnelle).
Plus récemment les chercheurs ont développé des questionnaires permettant de mesurer le niveau de pleine conscience d'un individu dans sa vie quotidienne et ont pu ainsi voir les corrélations existantes entre cette mesure et les caractéristiques de la personnalité.
De telles études (Giluk, 2009, Thompson et al, 2007, Hurk et al, 2011) montrent que des niveaux élevés de pleine conscience sont reliés négativement au neuroticisme (la tendance à l'anxiété, aux inquiétudes, à l'impulsivité, à l'auto-critique) et sont reliés positivement à l'agréabilité (fiabilité et altruisme), la consciensiosité (efficience, organisation et auto-discipline) et à l'ouverture à l'expérience (curiosité et créativité).
Ces études ne montrent toutefois qu'une association entre le développement d'une attitude de pleine conscience (spontanée ou par la pratique méditative) et certains traits de personnalité et ne permettent pas de juger de l'effet direct de la pratique sur la personnalité des méditants. C'est par contre le cas des études longitudinales, telle celle de Campanella et al. (2014), dans laquelle trois groupes de méditants inexpérimentés au départ ont été évalués avant et après un programme de méditation de pleine conscience de huit semaines au moyen d'un questionnaire basé sur la théorie biosociale de la personnalité de Cloninger. Les analyses ont porté sur la partie caractère du test qui comporte trois dimensions décrivant le niveau de développement et de maturité du sujet au plan individuel (autonomie), social (coopération) et spirituel (transcendance). Une augmentation significative de la maturité a été observée pour chacune des trois dimensions dans les groupes après les huit séances, toutefois cette évolution de la personnalité était subordonnée à une pratique régulière à domicile entre les séances de groupe.
Etant donné que des valeurs basses aux échelles autonomie (auto-détermination, responsabilité et estime de soi) et coopération (acceptation de l'autre et empathie) à ce test sont des indices de troubles de la personnalité(Gendre et al. 2012), l'élévation des valeurs observées par Campanella et al. parlent en faveur d'un impact positif et le cas échéant thérapeutique de la méditation sur la maturité de la personnalité. Ces résultats ne sont en eux-mêmes pas surprenants puisque la méditation de pleine conscience vise à promouvoir une attitude face au monde et à soi même faite d'acceptation, de non jugement, de bienveillance et de compassion, mais encore fallait-il pouvoir l'objectiver.
Ces résultats sont d'autant plus remarquables que la personnalité est supposée stable dans le temps et qu'un changement de celle-ci s'obtient difficilement. Cette ouverture sur le changement du soi et du rapport à soi-même fait par ailleurs écho avec le concept bouddhiste de l'impermanence de toutes choses, le soi y compris. C'est aussi un des mécanismes d'action de la méditation de pleine conscience (Hölzel et al., 2011) que d'amener un changement de perspective sur le soi, à travers un désengagement d'une identification à un soi statique et permanent, cause de souffrance pour l'homme.