La mécanique du sommeil est relativement fragile si l’on en juge à la fréquence des insomnies qui touchent 25 à 45% de la population. De plus, la pandémie de COVID-19 ne fait que renforcer cette tendance en générant des inquiétudes pour sa santé et celles des proches, et de par le stress induit par les retombées socio-économiques (précarité, perte d’emploi, etc.) Sans compter la perturbation du rythme veille-sommeil et l'isolation sociale induite par le confinement.
Dans le contexte actuel nous avons donc plus que jamais besoin de moyens de réduire le stress ambiant pour s’octroyer des moments de retour au calme facilitateurs de nuits paisibles. Penchons-nous sur quelques aspects de la méditation qui agissent favorablement sur le sommeil.
Mentionnons tout d’abord que la méditation de pleine conscience présente certaines similitudes avec le sommeil profond. En effet, tous deux agissent sur certaines hormones vitales (Hormones de croissance, DHEA, mélatonine) et réduisent le cortisol, hormone du stress. Tous deux se caractérisent également par l’installation d’un état hypométabolique soit une diminution de la dépense énergétique. Le sommeil s'accompagne d’une baisse de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle et du rythme respiratoire et plus globalement du métabolisme de base. Un phénomène semblable appelé réponse de relaxation se produit lorsqu’une personne concentre son attention sur son souffle en lâchant tout le reste. Son corps évolue progressivement vers un état de profonde détente musculaire tout en gardant un esprit éveillé et alerte. Un ensemble de phénomènes physiologiques (dont baisse de la consommation d’oxygène et de l’élimination du CO2, baisse du rythme respiratoire) surviennent alors dont certains évoquent l’état de sommeil profond.
Chez des méditants avancés on observe un sommeil de meilleure qualité (augmentation de la mélatonine, allongement du sommeil à ondes lentes avec des ondes alpha-thêta plus prononcées) et une architecture du sommeil qui ressemble à celle de sujets jeunes non méditants comme si le vieillissement les avait épargnés grâce à une plasticité cérébrale induite (Nagendra et al., 2012). Les pratiquant expérimentés parviennent à contrôler leur système nerveux sympathique pour installer un état hypométabolique éveillé à dominance parasympathique d’un type bien particulier et très bénéfique, que l'on retrouvent chez certains animaux (par ex. l'ours) lors de l'hibernation. Il peut même se produire des moments de pauses respiratoires qui accompagnent un vécu d’états de pure conscience (Young, 1998).
La méditation, notamment au niveau de la réduction du stress qu’elle induit, présente donc de multiples effets régulateurs sur la physiologie (système nerveux, hormonal, cardiovasculaire), le comportement et le sommeil en particulier. Le lâcher prise, l’acceptation, la respiration lente et le focus sur les sensations corporelles facilitent l’endormissement et calme l’anxiété lors des réveils nocturnes. En cas d’insomnie persistante, elle complétera favorablement le recours au traitement de choix pour ce trouble qu’est la thérapie cognitivo-comportementale contre l’insomnie (TCC-I) plus efficace que les médicaments hypnotiques et sans effets secondaires.